Bonjour les amis,
Désolé, je fous rien sur le blog, entre les montres Rutten, mon roman et tout le reste, pas le temps pour le blog. Mille excuses.
« Si nous n’avions produit que des Panzer IV, nous aurions gagné la guerre ».
Heinz Guderian
Photo de couv Hodinkee
Perezscope (allez lire l’article), a déclenché une polémique par rapport au fait que Panerai a baptisé des calibres ETA avec la dénomination de manufacture, notamment le 9200 qui est en fait un 2892 **** avec un module Dubois Depraz.
Normalement, les calibres outsourcés étaient nommés OP quelque chose en chiffre romains (OP XX par exemple), et les calibres internes (donc Val Fleurier, le « ETA » de Richemont) bénéficiaient d’une référence à 4 chiffres, type P.2002 (leur premier calibre de manuf).
Cette polémique, c’est un peu une tempête de verre d’eau, car les marques qui grugent sur l’origine des calibres, c’est aussi vieux que l’horlogerie… Y a les beurettes qui se font recoudre avant le mariage et les « bienfactures* » qui se font recoudre une virginité MANUfacturière… Vous n’imaginez pas les calibres, soit disant « originaux », y compris de prestigieuses maisons, ou de maisons indépendantes, pourtant sexys (presque autant qu’une beurette, c’est dire), qui utilisent des pointages***** de calibres anciens ou bien connus …
Ce qui est un peu plus inquiétant, c’est que l’Officine semble régresser à tous les étages depuis que Pontroué a pris les rênes.
1) augmentation tarifaire continue et de plus en plus douloureuse. Les PAM à moins de 10k deviennent rares, alors qu’avant la plupart des PAM d’entrée de gamme coûtaient la moitié du prix d’une Rolex Pro. D’ici trois ans, elles coûteront le double d’une Rolo******. Panerai ayant relativement raté sa croissance numérique, cherche la croissance du chiffre par les tarifs, l’éternelle dictature de l’argent. Ou la différence entre les maisons indépendantes qui cartonnent en limitant la production : Patek, Rolex, Audemars; et les maisons de groupes qui sont toujours un peu ridicules à courir après les piécettes…
2) tarots qui ne sont plus justifiés par les finitions des calibres qui, sur le gros de la prod sont de plus en plus industrielles, et limite nazes. (j’ai une Christopher Ward Moonglow au poignet à 2000 balles au moment où je vous écris, les finitions, sont du niveau de ces calibres P.9200 vendus dans des chronos à 10 tickets, avec des fonds pleins pour cacher la zèrmi, Perezscope en parle en détail dans son article).
3) design peu inspirés.
La Moonglow en question, j’ai été shooter à l’arrache, il y à des poussières sur le verre. Au passage, C. Ward, maison indépendante.
Cette baisse de qualité et augmentation des prix (diminution des coûts, maximisation des profits, logique néo-libérale mortifère pour le capitalisme industriel), touche la plupart des maisons de Richemont, à l’exception notable de Lange et Vacheron… Richemont vient progressivement à la logique du luxe LVMH, un sac en plastoc Louis Vatten, vendu plus cher que des sacs en cuir véritable réalisés par des vrais maroquiniers. Normal me direz-vous, une bonne partie des gens qui pilotent Richemont sont d’anciens Parigots… Moi aussi, mais ils n’ont pas jugé utile de m’en faire croquer, je ne vois pas pourquoi (petit smiley avec une auréole).
Ces gens-là se frappent de se faire plagier, mais quoi de plus facile que de copier à la perfection, que des produits de faux luxe industriel ??
J’attends toujours une copie parfaite de Patek ou de Lange… !!
Le plus ironique dans cette situation, c’est que les Ristis étaient fans de l’OPX (l’Unitas 6497 avec la « jolie »** déco qui équipe notamment les PAM210, 232, 249).
Mais comme les gens qui n’étaient pas clients de Panerai pourrissaient la manuf à ce sujet, Panerai c’est lancé dans le P.2002 en 2006. Coûteux et peu fiable à son lancement. Se faisant chier ensuite à produire pendant des années des calibres manuf dont personne ne voulait, tout ça pour revenir à du 2892, tout en embourbant sur sa provenance…
Le pire, c’est que, jusqu’à présent ils étaient transparents sur l’origine des calibres. Et oui ! Les calibres Val Fleurier, c’est fait par Richemont, c’est plus ou moins exclusif, c’est « Manuf », contrairement à ce qu’affirme José Pereztroïka, qui sur cet argument est franchement de mauvaise foi… D’ailleurs, à priori, un Val Fleurier, c’est beaucoup plus manuf que certains calibres de récup style Angélus de pendule de voyage, que les fakemakers (que José connait) embarquent dans leurs merguez vintages…
Le pire, c’est que pour le Risti de base, un calibre Valjoux siglé OP-chiffres romains, est plus sexy qu’un P.XXXX…
Communication nazebroque…
Pipeauter tout en ne comprenant pas l’attente des clients, c’est dense et illisible comme un bouquin de Gustave Flaubert***…. Ces types touchent des payes de ministre, ne l’oublions pas.
La seule manière d’expliquer cette stratégie, c’est l’absence de cette dernière.
Le général Heinz Guderian disait (en résumé) au sujet de l’opération Barbarosa (qu’il mena avant de se faire démettre en 1941 au profit de Von Paulus),
« Si nous n’avions produit que des Panzer IV, nous aurions gagné la guerre ».
Ca pourrait s’appliquer à Panerai, dont je verrais bien l’épitaphe :
« Si nous n’avions produit que des Unitas/OP X, nous aurions gagné la guerre commerciale ».
A bientôt.
Malik.
*bienfacture : arnaque étymologique. Ce terme qui date du temps de la réclame, colle les termes « bien » et « facture », pour faire oublier que rien n’est fait en interne. Mais en fait, si le business horloger avait un minimum de confiance en lui, il assumerait son rôle de compositeur, de scénariste, de réalisateur, de chef d’orchestre, qui sont les beaux rôles. Un Scorcese, un Michael Mann, un Nicolas Winding Refn, n’ont aucun mal à créditer les moindres figurants dans leurs films. Que l’horloger qui assemble nos Streamlines, porte une blouse Rutten, ou pas, je m’en bats les couilles, frère… Car en définitive, c’est nous qui payons la facture, et il suit nos instructions.
Avec cette logique d’appropriation absurde, les horlogers qui bossent pour des scamfactures gardent leurs blouses siglées jusqu’au lit ?
Complétement, à rebours de cette logique de fragile, on admirera le génie de communication qu’est Max Busser, qui a centré sa communication sur la sous-traitance des « Friends ». Au lieu de se concentrer sur l’enfumage des clients, il a au contraire constamment fait augmenter la qualité de ses créations horlogères en allant chercher toujours les meilleurs fournisseurs… Faudra qu’on reparle de la montée de charge de MB&F un de ces quatre.
La différence entre Max et le reste de l’horlogerie, c’est la différence entre la douance et la normo-pensance.
** en vrai, côtes de Genève fraisées, pas d’anglages, c’est pas la folie ce calibre, et on est loin des calibres Cortebert618/Rolex originaux, mais bon, c’était cohérent avec l’histoire et de meilleure qualité que cette merguezerie de P.9200.
*** ni dense, ni chiant, ni structuré avec le cul (je parle de Flaubert pas de Panerai, quoique)…. Mais, au contraire, incroyablement bien écrit, pertinent, stylé, et post-Célinien, je vous recommande, très chaudement « La Cerise » d’Alphonse Boudard, que je lis en ce moment. Ca narre les aventures taulardes d’un cambrioleur au tournant des années 60. On retrouve la richesse de la langue utilisée dans les films noirs de ces années. La french decadence actuelle, s’accompagne d’une quart-mondisation du Français… L’œuf ou la poule, je laisse ça à votre discrétion.
**** petite remarque à ce sujet : pourquoi ne pas prendre du Sellita plutôt que de l’ETA, alors que Swatch Group ne cesse de jouer avec les approvisionnements pour faire pression sur ses clients et néanmoins concurrents ?
Selitta propose aujourd’hui des produits compétitifs et fiables avec un appro stable, vu que c’est leur cœur de métier… Encore une stratégie ésotérique…
***** pointage : le plan de rouage, mais avec une découpe de platine/ponts différente…
****** go acheter une PAM372, qui se dégote à 4000€, malgré ou grâce à son P.3000 de manuf (leur meilleur calibre interne avec le tourbillon rotatif) est la meilleure affaire dans les Panerais de seconde main.