Bonjour, bonjour,
« Je l’examine avec l’attention d’un horloger en train de réparer une Piaget extra-plate »
Frédéric « San Antonio » Dard
Crédit photo de couverture : Monochrome
Allez, une confidence : pendant des années, je me suis rendu au SIHH (enfin, avant, quand j’avais encore le droit), et le stand Piaget, m’a toujours paru un peu mystérieux.
En effet, j’ai été client, ainsi que la plupart de mes « watchbuddies » de nombreuses marques du groupe Richemont : Panerai, Jaeger leCoultre, Lange, Vacheron, Cartier, etc… La base, si t’as pas montre de plongeur de combat fasciste à 30 ans, t’as un peu raté ta vie de troll, quand même.
Mais, jamais, ô grand jamais, je n’ai vu dans les repas horlogers, une Piaget lors du tableshot…
Où sont les clients de Piaget, ou se cachent-ils ?
Cette marque, c’est un peu la théorie du complot de chez Richemont, une marque sans clients visibles, mais qui continue à payer son million à la FHH pour son stand tous les ans. La vérité est ailleurs.
Plusieurs hypothèses :
Les Chinois sont des clients faciles : Ici un défilé de l’armée du PC chinois, tailleurs rose bonbons, bottes nacrés, jupes, ils ont cru que GI Joe était un reportage sur l’armée US.
Pas de bol, la crise est là, particulièrement en Asie, à l’instar de Vacheron Constantin, Piaget, souffre fortement de la campagne Anti-corruption chinoise, du papy-boom japonais et du prix bas des hydrocarbures qui plombe, façon puzzle, l’ex-paradis singapourien (rappelons-le, Singapour prospère sur l’exploitation et le trading du pétrole et du gaz notamment Indonésien)… Aujourd’hui, chez Piaget, la courbe du personnel productif (horlogers, concepteurs), est en passe de croiser la courbe du personnel administratif, notamment le marketing.
Comme ça fait légèrement désordre, même pour des pros de la lessive, la direction décide de revenir à des produits classiques pour se recentrer sur l’axe Atlantique, marché plus conventionnel, qui à défaut d’être lucratif, permet de payer les salaires des horlogers à la fin du mois.
Dans le business des produits ménager, ou des cosmétiques grand public, pour designer un produit (les lessives lavent toutes un peu près pareil), on benchmark la concurrence, en général pour faire le contraire, si les paillettes dans la lessive de la concurrence sont bleus, alors on opte pour le vert. Le problème, c’est que Piaget était déjà très différent, ayant opté pour les paillettes multicolores, avec une prédominance du violet et du mordoré. En raisonnement binaire, si on ne peut pas faire différent, alors on fait pareil…
Donc Piaget présente, la Polo « S », probablement pour « Singer »,
en effet, le moins que l’on puisse dire au sujet de nouveau modèle, c’est qu’il est à l’opposé des designs baroques auquel Piaget n’avait jamais réussi à nous imposer.
L’ambassadeur de la Polo « S », Ryan Reynolds :
Pour diminuer la prise de risque au maximum, Piaget, s’est inspirée d’un des leaders du marché : Patek Philippe, la « S » reprend en effet la lunette, le cadran et le bracelet de la Nautilus, et le boitier de l’Aquanaut. Le tout moins finement dessiné et fini qu’une Patek, mais pour un prix 50% inférieur… Poorman’s Nautilus en quelque sorte.
Magique !! Même l’ambassadeur Ryan Reynolds est un erzast d’un autre comédien en vogue, Ryan Gosling (que je vous recommande dans « Only God Forgive », de Nicolas Winding Refn) :
Cette stratégie d’inspiration extérieure n’est pas nouvelle chez Richemont, chez Montblanc, Jérôme Lambert fait la même chose, à quelques différences de taille : la majeure partie de la cannibalisation esthétique concerne des marques du groupe, les prix sont vraiment cassés et le plus important : Montblanc Watches est un bricolage ex-nihilo, sans histoire horlogère digne de ce nom (à quand Baron Bic Watches, à moins de 500 balles la pièce ?).
Alors que l’histoire de Piaget est riche, pleine de modèles baroques ou classiques, c’était l’une des marques les plus côtés des années 70’, Frédéric Dard, notamment, fait l’apologie de sa Piaget à longueur des « San Antonio », et avec 275 ouvrages à son actif, autant dire que ça fait un paquet de références à Piaget…
Mais ouvrir un San Antonio, comme ouvrir un ancien catalogue de Piaget, c’est visiblement hors de portée pour le team créatif actuel. Pourtant, ce n’est pas des ouvrages imbitables, bien au contraire.
Yves Piaget et Frédéric Dard étaient très lié, il en résulte des montres discutables (la « Minuit »), mais indispensables pour un fan de Sana comme moi…
Finalement, cette « S », mal proportionnée, mal foutue, et franchement plagiaire, est un excellent faire-valoir pour la Nautilus.
Malgré les errements de Patek (prix, finitions, service client), l’écriture de cet article, m’a rappelé que la Nautilus 5712 reste l’inoxydable pinacle du sport-chic.
Puisque dans ma ligne éditoriale, j’ai fait des choix radicaux (contrairement aux médias perroquets), je ne bénéficie pas des nécessaires budgets publicité pour faire tourner le bouclard. Si vous voulez soutenir la création, me permettre de produire plus de contenus, de payer plus de déplacements et de matériel photo ; vous pouvez souscrire à mon nouveau projet, ou nous vous offrons l’occasion unique (et limité dans le temps) d’avoir une montre d’indépendant en météorite pour le prix d’une bonne plongeuse en acier…
Par ailleurs, n’oubliez pas qu’un partage sur les réseaux sociaux, est déjà un acte de soutien à Foudroyante.com.
Bonne vacances à ceux qui sont loin.
A bientôt.
Malik.
5712, photo Alain Mnementh
PS : si vous voulez vous payer un sympatoche calibre Piaget, achetez une Panerai Maniffatura, c’est des mouvements de conception Piaget, mais avec un beau boitier.