Bonjour les amis,
une prime à la bavure.
Je monte dedans et contrairement à tous les essais précédents, je me cale à la perfection dans le fauteuil. Le siège est assez large pour accueillir mon gras, mais réglable dans toutes les positions imaginables et, clou du spectacle, il se gonfle sur les côtés lorsqu’on prend les virages trop vite:
Les commandes tombent sous la main en ¼ de seconde et je tourne la clef. Un bruit sourd fait trembler l’habitacle de gauche à droite, même avec le travail de sape des décibels des silencieux, on sent bien les 5.5L de cylindrée, je vais faire un grand tour avec la bagnole, à chaque accélération, elle s’envole, c’est la révélation, je vais l’acheter.
L’intérieur d’une voiture est aussi important que l’intérieur d’une femme : la carrosserie peut être d’une banalité affligeante, on ne peut vraiment se prononcer que lorsqu’on pénètre. L’habitacle, évidemment.
les inserts « faux érable » (la version « fausse ronce de noyer » fait mal aux yeux), parcourent l’habitacle en suivant les lignes médianes, donc en décrochant au niveau du tunnel de levier de vitesse. Ceci casse un peu l’aspect du tableau de bord, cet effet est appuyé par le design des entrées d’air dans la continuité du tunnel. D’ailleurs, cette planche de bord est bien plus réussie que celle de sa sœur, la CLS W219. Sur cette dernière, elle est plus massive et les mini-fenêtres contribuent à créer une atmosphère plus oppressante que sur la W211 (on se console comme on peut de ne pas rouler dans la fabuleuse CLS W219, la plus belle voiture des années 2000).
La planche de bord est donc un parangon d’équilibre néoclassique, avec des assemblages très réussis, une qualité perçue sans faille. Les compteurs analogiques (je n’aime pas les écrans LCD) sont au top, ils reprennent le principe vu sur certaines Mercedes vintages (notamment la fantastique 540k Streamliner), à savoir un rétroéclairage via un disque blanc translucide, au milieu du compteur de vitesse se trouve l’écran de commande principal. Pratique, mais pas aussi pratique qu’un affichage tête haute, que Mercedes a refusé d’implanter jusqu’à cette année pour des raisons de sécurité. Pour l’avoir eu sur ma Citroën C6, je trouve que cela contribue à la sécurité en évitant de quitter la route des yeux pour monitorer sa vitesse… Le HUD devient même indispensable avec la multiplication des radars fixes ou mobiles.
A l’exception du problème de HUD, l’intérieur est parfait, les fauteuils sont tellement bien faits que je regrette presque de ne pas en avoir comme fauteuil de bureau.
Si un jour l’industrie automobile s’effondre sous le poids du downsizing (ceci est bien un oxymore), Merco Benz pour se reconvertir dans le mobilier haut de gamme.
C’est l’archétype de la berline, le mètre étalon. Pourtant vu de l’arrière, c’est assez fluide : l’arrière est très équilibré (traduire elle a un beau cul), la ligne de caisse est relativement basse (ce qui devient rare et précieux à l’ère des voitures-tamponneuses sans surface vitrées), mais en arrivant sur le capot, j’ai beaucoup, genre beaucoup beaucoup de mal : les quatre phares qui vous tancent tel les quatre cavaliers de l’apocalypse de l’esthétique.
Ca nique l’avant, mais grave, car le dessin des phares se prolonge sur le capot, la voiture oscille ainsi entre le style des années 50 et le style des années 90, ni récente, ni néo-vintage. De surcroît, le capot est assez massif particulièrement au niveau du haut de la calandre, ce qui casse la ligne de caisse : chuter avant la ligne d’arrivée, quel dommage. Comment faut-il faire comprendre aux constructeurs que l’avant d’une voiture, c’est pointu, comme une XM, ou une 850, K2000, l’Interceptor de Mad Max, un missile, etc…?
Cette W211 me semble fortement inspirée sur le plan esthétique de la Classe S W220. Celle-ci qui a été présentée au moment des « années noires » de la fiabilité chez Merco, n’a pas bien marché et son souvenir s’estompe. Pourtant en termes d’esthétique, c’est l’une des S les plus réussies, car elle a ces blocs d’optiques en œil de chat et pas ces quatre phares qui semblent provenir d’une VW Polo… Sur la phase 2, ils ont tenté de rendre le tout un peu plus dynamique avec un pare-choc en « V », mais on est loin du compte, ce n’est pas en changeant de chaussures qu’on devient une beauté.
Vu la lourdeur de l’avant, le CX est étonnant : 0.27. Ce coefficient de trainé bas, combiné au gros moteur de 5.5l assure une consommation réduite à haute vitesse, faisant mentir ainsi les écolo-bigots. Etrangement des turbulences apparaissent lorsqu’on ouvre les fenêtres avant et il faut ouvrir les fenêtres arrière de concert, pour les faire cesser, un peu frustrant…
En somme, c’est du Merco tout craché , un design moche, à la Serge Gainsbourg : une très vilaine gueule au début, une certaine classe durant l’époque Gainsbarre.
Quand on part du fond, on ne peut que se bonifier en vieillissant, c’est l’avantage de la laideur. Même la calandre Merco et le badge au-dessus du feu bouchon de radiateur, je m’y suis fait. En fait ce badge est très pratique, il permet d’évaluer exactement la position du bout du long capot.
Bref en termes de robe, ça alterne entre le néo-classique et le post vilain, RAS, circulez! Par contre sous le tailleur revêche, c’est la débauche : body string, jarretelles, bas couture, la totale : « Direct Control », Airmatic DC + Adaptive Damping Suspension, 4matic, ESP, ABS, Pré-safe, Sensotronic,etc…
Plus les options classiques : chargeur 6 +1 CD, toit panoramique, clim quadrizone, feux automatique (malheureusement inutilisable en Suisse, les feux de jours sont obligatoires), sièges climatisés et massants, radars de parking, plafonniers et rangements partout, coffre soute :
Si Lange incarne le paradoxe Allemand dans l’horlogerie, un boitier de petit vieux qui contient une débauche de finitions délirantes, cette E500 W211 l’incarne dans le domaine auto : une carrosserie de petit vieux qui contient une débauche de technologie digne d’un roman de Space Opéra.
IiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiBRAOUUMBOUM
Han Pifpaf.