" Celui qui se perd dans sa passion perd moins que celui qui perd sa passion." Saint Augustin
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La FIN de L’hydropneumatique chez Citroën : French Decadence 1/2

Le 20 octobre 2015
Malik
Malik "Pifpaf" Bahri
L'auteur.

New-York, hiver 1981, puisque le coup d’état communiste tant redouté par l’administration Reagan n’est pas advenu, je peux retourner en Suisse via la France. Il faut se dépêcher, la météo annonce des chutes de neige massives en Suisse, et je dois être calé dans ma villa sur la riviera avant d’être piégé dehors.

J’arrive à JFK, l’embarquement est rapide, la fouille minimum, les hôtesses aussi fuselées que Concorde. En grimpant l’escalier, j’aperçois le second Concorde de secours prêt à décoller: au cas où le nôtre aurait une avarie ; la qualité de service est incroyable.

Je pénètre dans la minuscule carlingue du Concorde d’Air France, ce qui m’oblige à baisser la tête pour circuler, mais peu importe, dans moins de trois heures, je suis à Paris. Le vol est balistique, l’avion pousse tout le temps à fond et pousse encore plus durant la post-combustion, j’ai toujours cette sensation de montée puis de chute à bord de Concorde. Cette combinaison de vol spatial et la restauration trois étoiles font vite oublier le prix (une bonne douzaine de Rolex) du billet.

Grand requin blanc (photo Ph. Delafosse), totale arrogance, un vol commercial qui va plus vite que des chasseurs:

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Je débarque à Charles de Gaulle, j’explique aux douaniers que je dois rentrer en Suisse rapidement pour éviter la neige, compréhensifs, ils me laissent passer avec mon bagage à main. C’est toujours un plaisir de rentrer en France et de voir la bonhomie des forces de l’ordre.

Je saute dans un taxi, une CX GTI marron, le chauffeur est un ancien bidasse, avec une chaîne en or et un berger allemand sur le siège passager, je lui claque un gros bifton et lui demande d’accélérer le pas.

La CX change d’appuis dynamiquement sur la chaussé mouillée de l’autoroute, je suis un peu brassé à l’arrière, mais la tenue de route est impériale malgré la vitesse très illégale pratiquée par mon chauffeur, à cette heure les bleus sont déjà à l’apéro, tout va bien.

Je dégode à Gare de Lyon, je regarde le tableau des départs, je saute dans le premier TGV (ils vont tous à Lyon…), dans le train, je trouve le contrôleur, paye mon billet plein pot et vais me poser en première. Je m’assoupis rapidement et me réveille au milieu de la Bourgogne enneigée, le paysage fait d’arbres décharnés couverts de neige incite à la mélancolie.

Premier record du TGV et proto du TGV à turbine à gaz, on est dans les années 70:

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Celle-ci est de courte durée, le super train français nous déposant à Lyon une heure après… Je cours au parking, et je vais réveiller le vaisseau spatial: ma SM Maserati gris perle. Le V6 Maset s’ébroue gentiment, avec un bruit un peu délicat, qui correspond bien à l’habitacle futuriste et feutré de la SM, je tombe dans les fauteuils en forme de maillon de bracelet de montre, par quel putain de miracle technologique peut-on être mieux installé dans une voiture que dans son salon?

Le capot de la Citroën SM aurait été approuvé par le loup de Tex Avery (image petrolicious):

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Il commence à neiger, mais peu importe la suspension oléopneumatique et les michelins alpins se rient des intempéries, je tartine malgré la neige, et j’évite le gros des chutes. J’arrive à temps pour ranger la SM derrière la DS au garage et pour me blottir devant la cheminée avec de la fondue moit-moit et ma poule lascive sur le tapis en peau de bête. Quand il fera beau, je l’emmènerai faire un tour sur le bord du lac dans la DS décapotable… En moins de 12h, j’ai fait New-York – Suisse Romande.

Prenons la De Lorean (pour la petite histoire, le modèle original était équipé d’un V6 PRV, comme les premières XM V6). 

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New-York hiver 2015. Puisque le coup d’état nationaliste tant espéré par les contribuables français n’est pas advenu, je peux retourner en Suisse via la France. Il faut se dépêcher, la météo annonce des chutes de neige massives en Suisse, et je dois être calé dans ma villa sur la riviera avant d’être piégé dehors.

J’arrive à JFK, je me rends jusqu’à l’embarquement, ou je me fais mettre à moitié à poil, mon patronyme, me vaut un interrogatoire supplémentaire avec des douaniers américains dont la bienveillance m’évoque celle d’un commissaire politique khmer rouge sous métamphétamine.

Finalement, ils me laissent avec mansuétude prendre mon avion : cette humiliation a néanmoins son avantage, j’ai évité l’interminable embarquement dans l’A380. La grosse baleine prend son envol. Heureusement, je suis bien installé, car il m’évoque un dirigeable avec des ailes : lents, gros et vulnérable. Le coca zéro accompagnant un plateau repas tristouille calculé au microgramme et le mauvais blockbuster hollywoodien, font lentement passer le temps.

Baleine à bosse:

Arriving LAX north complex.

En moins de 8 heures, nous avons atterri à CdG, mais il n’y a que deux douaniers pour contrôler l’ensemble des 500 passagers de l’A380 et ils prennent leur temps pour chaque passager. En moins de deux heures, je suis enfin sorti de l’aéroport.

Je voulais commander un Uber, mais une récente rixe avec les taxis parisiens fait que ce service n’est pas disponible, il y a une queue de 100 personnes pour ces derniers. Je me rabats sur le RER B moyennant un changement à gare du nord. Le RER est omnibus, l’arrêt Sevran-Beaudotte laisse monter une faune peu amène, qui me ferait presque regretter ces chers douaniers.

Loi de murphy oblige, deux arrêts plus loin, ça dégénère dans le wagon d’à côté : vol à l’arraché de smartphone, bagarre, signal d’alarme, fuite sur les voies. La SNCF est prompte à rétablir le service, en moins d’une heure, le train va repartir…

Moyennant un changement à gare du nord, j’arrive à la Gare de Lyon, mon TGV étant évidemment parti, je prends le prochain, en faisant bien gaffe à ce qu’il aille à Lyon. Le train est bondé, et après une discussion horripilante avec les contrôleurs, j’arrive à payer un modeste supplément de 75€ pour utiliser mon billet du train précédent. A la SNCF, la main droite ignore ce que la main gauche fait.

Le TGV anniversaire des 30ans, on a refait la peinture, c’est festif… 

TP-20yay1

Arrivé à la part dieu, je cours jusqu’à ma DS5. L’absence d’agrément du 4L turbodiesel, est éclipsée par l’inconfort des sèches suspensions métalliques. Elles mettent à mal mes vertèbres lorsque les pneus larges écrasent la neige, je manque de perdre à plusieurs reprises le contrôle du véhicule à cause de ses montes inutilement larges, mais j’arrive jusqu’à l’autoroute (mais pourquoi coller du 19 pouces? C’est pas une DTM!!). La neige tombe de plus en plus dru, et l’avant bas de la voiture à tendance à faire chasse neige. Dans la montée du col de Ceigne, la DS5 est de plus en plus à la peine, j’entends un « clong » sourd venant du bloc diesel, je perds progressivement de la puissance, je réussis à atteindre un refuge sur la BAU.

La DS5, il y à un dicton en Saintonge: la première génération construit, la seconde fructifie, la troisième détruit… (image l’argus)

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Le matin point au-dessus du col jurassien, le ballet pachydermique des chasses neige m’a empêché de réellement dormir, ce qui a probablement contribué à éviter que je meure de froid, bien que je me sois blotti sous le contenu de ma valise.

Le soleil aidant, la dépanneuse arrive enfin, on passe un quart d’heure à déneiger la DS5, une fois montée sur le plateau, les lignes pseudo-futuristes, m’évoquent un bobospace clinquant, on est loin de l’hyperespace rétro-futuriste de la SM…

36h après avoir quitté NY, je suis en train de me faire un grog dans ma villa au bord de la riviera Romande. Enfin sauf, je suis même content d’écouter la litanie de reproche de ma copine qui m’en veut de ne pas l’avoir emmené faire du shopping à NY.

35ans plus tard, la technologie a régressé de 35ans. French decadence.